Voici le premier épisode d’un nouveau cycle qui me tient à coeur depuis longtemps: une série d'introspections interrogeant nos rapports aux lieux/ espaces. J'entame ici ce voyage en compagnie de mon-a adelphe, Moca.
Depuis que je m’interroge sur les racines des visions de nos corps humains, à ce qu’on y projette et investie, mes réflexions et mes sensations se modifient selon les espaces particuliers dans lesquels je perçois les corps évoluer. Si j’en ai particulièrement pris conscience en rencontrant des personnes de cultures et de cosmogonies différentes en Equateur, mes perceptions des autres et de moi même sont toujours très intrinsèquement liées aux environnements que je traverse.
Comme pour beaucoup d'autres personnes, ces derniers mois de confinement ont ravivé chez moi pas mal d’angoisses et de sentiments d’insécurité à nous voir assigné-xes à des espaces précis, souvent rétrécis et pas forcément choisis.
J'ai autour de moi beaucoup de personnes en galère de logement, pour en trouver ou parce qu'iels vivent ou ont vécu dans des endroits insécurisants ou insalubres. Par nos entourages et nos engagements nous avons également vu -mes proches et moi- beaucoup de personnes perdre voir se faire expulser de leurs maisons, ou bien errer d’une maison à l’autre. Nous avons nous mêmes vécu l’expulsion d’un lieu qui nous avait servi de refuge social, artistique et militant pendant une partie de cet hiver sinistre. Pour ce premier épisode j’ai souhaité interviewer mon-a soeur et adelphe Moca, avec qui j’ai vécu l'essentiel de mon enfance avant que nos vies soient forcées de diverger physiquement. D’un tronc d’enfance et de famille commune, nous avons construit des rapports très différents aux lieux. Nos vies se renouent aujourd'hui ailleurs, dans de nouveaux espaces, au sein de nouveaux cercles et autour de visions du monde et de luttes communes. Dans ce podcast j’ai surtout souhaité que ce soit ellui qui rende compte de son rapport aux lieux. Ce fut l'occasion pour moi de le-a rencontrer de nouveau sur ce terrain et d’essayer de le-a comprendre un peu mieux.
Le ton de l’entretien est différent des autres échanges que j’ai pu enregistrer; c’est le notre, à Moca et moi.
Cet échange recouvrait un sens particulier au moment où nous l'avons enregistré puisqu'il se déroulait en amont du déménagement de la maison de nos parents, récemment séparé-es.
Moca nous parle de ses projections, de ses imaginaires, de ses "piliers" de construction(s), de ses ressentis et d’une certaine forme de deuil. J’espère que ce témoignage pourra trouver une résonnance chez certain-es.